Parce qu’on a envie de partager avec vous tous nos instants marquants depuis notre création, nous ne pouvions pas passer sous silence ceux qui ont été parmi les plus exaltants, à savoir nos premières signatures !
Comment décrire cette impression ambivalente où, après des mois et des mois de préparation, d’espoirs et de doutes mêlés, vous vous retrouvez enfin confronté à l’immensité d’un canyon, prêt à sauter pour atteindre l’autre côté. Ce ressenti très étrange, associant l’excitation, la joie pure et simple mais aussi l’appréhension des secondes, heures, mois, années qui suivront ce premier pas. « On y est enfin. » Et on saute, bien sûr.
Notre première signature a été très spéciale à bien des égards, puisqu’elle a entériné un projet d’album de création réalisé par une artiste coréenne formidable, vivant aux États-Unis. Tout d’abord : faire traduire le contrat et bien sûr vérifier chaque petit détail, chaque petite lettre pour s’assurer que tout est bon. Ensuite, s’arrêter avec l’autrice sur les montants et les clauses. Et enfin, s’adresser mutuellement nos compliments avec une belle signature en bas de chaque page, des étoiles plein les yeux à l’idée d’avancer main dans la main vers la meilleure version de cet ouvrage. Waouh : quelques traits qui font naître tant d’émotions !
Un livre de qualité pourra, dès lors, naître de nos échanges, de nos émulations, de notre imagination commune. Car c’est une pépite en laquelle nous croyons du fond du cœur : Un hiver chez Bleuet, dessiné par l’incroyable Heegyum Kim, pour vous parler de l’amour d’un chez-soi mais aussi la nécessité d’en sortir, parfois.
Mais ce billet sur nos premières signatures de contrat ne saurait être complet sans évoquer notre premier achat de droits à l’étranger, officialisé avec le plus gros éditeur de l’Amérique du Nord : Penguin Random House, et plus spécifiquement Tundra Books.
Ce livre a une saveur toute particulière pour moi, car je suivais les œuvres de Dena Seiferling, qui en est l’illustratrice, depuis bien longtemps. Et chaque jour, je me disais : « Si seulement… Si seulement elle pouvait être éditée en France. » C’est aussi à cela que sert une création de maison d’édition : à aller plus loin qu’un « si seulement » et enfin pouvoir toucher du bout des doigts ses rêves, si longtemps étouffés par ces quelques mots.
King Mouse, dont le titre français sera La Souris qui devint roi, nous a fait chavirer tant grâce à ses dessins intemporels au crayon de bois que pour son propos fort sur l’amitié, l’importance des petits moments du quotidien dans le bonheur de toute une vie, et sa réflexion sur les rapports de force, l’autorité, le pouvoir. Dans le contexte actuel, quelles merveilleuses médiations peuvent être tissées grâce à ce type de textes… Il le fallait. Il fallait que cet album touche les lecteurs français autant que ceux du monde entier. Alors, là aussi, on a sauté.
Bien sûr, l’édition, ce n’est pas que l’histoire de cet envol : on a toujours peur face à ce vide béant et pour le moment nous n’avons pas encore atterri de l’autre côté du canyon. Ça, ce sera à l’heure de la sortie de ces livres et des retours des lectrices et lecteurs.
Mais il ne faut jamais oublier que l’édition, c’est aussi ces moments-là, où l’on se jette dans les bras les uns des autres parce qu’on a réussi à faire naître un livre magnifique, avec du sens, qui sera bientôt dans vos mains.
L’intensité de ces instants qui restera à jamais gravée. Croix de bois, croix de fer.
À tout bientôt,
Lorène